Comptes-rendus
Sorties Saison 2015 - 2016
Dôme de Gébroulaz - 1233 m
le 10 mai
Val Thorens ressemble plus à une banlieue qu'à une station de ski. Aussi, c'est au plus vite que nous nous engageons dans la combe de Thorens.
Longue remontée sous le fil (comme disent les cheminots) pour déboucher au col de Thorens où le soleil nous accueille, et découvrir le splendide glacier de Chavière. Égrener le nom des pointes qui nous entourent est déjà la promesse de courses futures.
Remonter le superbe col de Gébroulaz sur ce tapis immaculé est un plaisir sans nom.
S'ensuit un petit plaisir supplémentaire en attaquant pointes avant la face conduisant au sommet du dôme où les mots nous manquent pour décrire un panorama d'une telle splendeur.
Après une raide descente bien maîtrisée, nous filons alors vers notre second objectif, la pointe de Polset, mais hélas, la couche de neige superficielle dissimule de la glace dont certains morceaux supérieurs nous menacent. Sage renoncement, et pour nous consoler, nous nous installons bien confortablement pour le déjeuner sous un soleil toujours aussi radieux, nos visages colorés en sont la preuve.
Retour sans histoire en compagnie de mordus de la peau de phoque pour retrouver le moyen de rentrer sans peine à la maison.
Jean-Pierre P.
La Tsanteleina 3602 m
le 13 mai
Départ très matinal pour cette sortie et une surprise avec la route du Saut fermée. D'où l'obligation soit de rentrer se remettre au lit, soit de changer de plan. Solution adoptée unanimement.
Montée sans problème vers le col de la Bailleta avec déjà la traversée de quelques névés. Rapidement, il fallut chausser les raquettes pour entamer la partie inférieure du glacier de Couart Dessus. Après le passage du verrou délimitant les deux parties du glacier, remontée de la partie supérieure sous un soleil étincelant. Bien trop d 'ailleurs puisque la très rapide transformation de la neige nous obligea à stopper à trois cents mètres du sommet.
Retour donc dans une neige parfois proche du liquide en attendant une prochaine occasion.
Jean-Pierre P.
Dômes de la Vanoise
le 3 et 4 juin
Il est des jours où la météo nous joue des tours. En effet, pour cette sortie, le samedi était prévu orageux et le dimanche, sans être merveilleux, pour le moins acceptable. Et c'est l'inverse qui s'est produit.
Montée sans problème au refuge de la Valette, non gardé, d' où le plaisir d'allumer le poêle pour une veillée à la lueur des flammes. Lever avant l'aurore et départ sous une pluie peu dense mais très mouillante suivie plus haut d'un brouillard allant s'épaississant additionné de grésil.
Après deux heures d'efforts et compte-tenu de la densité du brouillard en ces lieux, la sagesse commanda de faire demi-tour. Et c'est toujours dans la purée de pois que fut rejoint le parking avec la certitude que la prochaine sortie sera bien meilleure.
Jean-Pierre P.
La Dent Parrachée 3697 m
le 10 et 11 juin
04h30, il est temps de quitter la couette du refuge pour aller goûter aux cimes de Maurienne.
Après un départ iconoclaste sous la lune, s'amorce la montée vers le col de la Dent Parrachée, sans crampons tout d'abord, puis avec alors que la pente se redresse. L'arrivée s'y fait sous le soleil et dans le gravier car la neige a déjà disparu de cette selle.
Petite pause et les affaires sérieuses commencent avec l'ascension de la pointe de la Fournache, antécime de notre objectif. Recherche de la bonne ligne, alternance de rocher sec, de pentes de neige plus ou moins fortes, progression sur pointes avant, les gestes techniques s'enchaînent non sans plaisir (car nous sommes là pour çà !). Et puis nous débouchons au sommet, un soleil étincelant inonde l'arête finale conduisant à la Dent Parrachée. Pas le temps de se poser de questions, il faut y aller. Petit coup d'accélérateur pour vingt minutes de plaisir intense sur une bonne trace en arête et les trois cordées se rejoignent sur le chapeau.
Congratulations et photo officielle, il faut vite redescendre tant la chaleur est vive. Déjà, la neige transformée nécessite une grande concentration pour franchir les dalles menant au sommet de la Brèche de la Loza. Départ dans les cailloux et la glace au son de l'eau qui file en-dessous pour arriver enfin au bas où nous mettons les cordes dans le sac et remplaçons le casque par le bob.
Retour tranquille au refuge sous un soleil de plomb où "les athlètes de haut niveau de Tarentaise" (selon le magnifique gardien) méritent bien une bonne "tartine de houblon" pour se réhydrater en attendant la prochaine sortie.
Jean-Pierre P.
Aiguille des Glaciers 3816 m
le 18 juin
Douceur anachronique pour ce départ encore nocturne en direction du glacier des Glaciers.
Après la remontée de la moraine, mise des crampons et cheminement attentif près des crevasses qui bientôt s'ouvriront. Arrivée au Dôme des Glaciers sous un soleil déjà bien présent, pause rapide et attaque de la face ouest où la pierraille ne laisse place à rien d'autre : il faut bien dix yeux pour détecter les plaquettes bien camouflées dans ce décor minéral, rien que des pierres et des cailloux !
Après cette première partie quelque peu pourrie, nous voici sur l'arête où enfin le rocher se montre digne du plaisir recherché. La montagne n 'est pas russe, mais montées et descentes s'enchaînent sans répit sur une crête déchiquetée où nos grimpeurs font montre de leur savoir-faire. Enfin apparaît la calotte sommitale enneigée. Encore un effort et nous voilà au sommet de cette aiguille si présente dans cette vallée, si regardée et pourtant assez peu fréquentée.
Photo de circonstance, rapide casse-croûte et nous voilà repartis sur l'arête sud. Après un départ de même tonalité que l'arête, le terrain se dégrade, obligeant à de nombreuses manœuvres de sécurité très gourmandes en temps. Ici, la montagne ne fait pas de cadeau, même le moindre brin d'herbe ne s'y risque pas. La progression dans ce terrain pourri devient délicate, l'heure tourne et la fatigue se fait grande, il faut prendre une décision inédite pour nous : l'appel aux secours. Bientôt, l'hélicoptère du PGHM de Modane est là et nous hélitreuille au col de la Seigne.
Conclusion : que fallait-il faire ?
descendre dans un couloir engageant mais à l'issue des plus incertaine et risquer un appel aux secours tardif dans un endroit inaccessible?
continuer et se retrouver bloqués de nuit sans le nécessaire de bivouac ni nourriture avec des gens alors épuisés?
risquer l'accident dans ces situations et de toute façon appeler les secours avec un ou plusieurs blessés, voire pire ?
La décision prise a été largement approuvée par les gendarmes, c'était la bonne décision. Le groupe est resté uni et chacun est rentré sain et sauf. C'est ce qui importe à chacune de nos sorties.
Jean-Pierre P.
Arêtes Blanches du Fut
le 18 juin
Il n'y avait pas foule au départ de cette première course d'arête en grande voie de l'été.
Nous étions 3 et nous nous sommes régalés.
Certes l'approche est un peu longue, la course d'arête entre pas montants et désescalades et rappels également et le sentier de retour avec ses lacets interminables qu'il faut couper, mais le rocher est splendide et très agréable, la vue pendant tout le parcours est un merveilleux panorama du Mont Blanc aux glaciers de la Vanoise et plus encore.
La progression en flèche a été chronophage mais sur le chemin du retour, quand l'heure de la tartelette aux framboises est venue, aucun d'entre nous n'était pressé de rentrer.... Merci Jean-Pascal (ou merci le pâtissier) pour ce merveilleux goût de fin de journée.
Émilie
Pointe de la Sana 3436 m D+ 1486 m
le 21 juin
Rendez-vous matinal ce mercredi pour rallier le parking du Manchet près de Val d'Isère. La pointe de la Sana nous attend du haut de ses 3436 m.
Rapide mise en route et après quelques pas à l'ombre, le chemin déjà surchauffé nous conduit au bas du glacier des Barmes de l'Ours.
Traversée prudente sur pont de neige d'un torrent impétueux, raide montée de trois cents mètres et nous voici sur le glacier qui, ô surprise ! est en très bon état. Mise des crampons et montée au col du même nom où une petite pause s'impose.
La montée sur l'arête est moins agréable : s'élever sur un sol gorgé d'eau, souvent boueux, est assez pénible. Mais, foi de Tarin, le sommet n'est jamais loin, et l'atteindre tous ensemble (ouais!) une bien belle récompense.
Retour au parking où, en même temps que nous, quelques centaines de moutons débarquent pour goûter tout l'été la bonne herbe de nos montagnes. Bon appétit !
Jean-Pierre P.
Dômes de Miage
par refuge Durier
les 8 et 9 juillet D+ 2443 m
Belle matinée et tenue légère aux Contamines pour un départ vers le refuge Durier à travers mélèzes et prairies.
Mais bien vite les choses sérieuses commencent avec le premier escarpement rocheux suivi de la moraine donnant accès à l'incroyable refuge de Plan Glacier. Ravitaillement en eau et de sérieuses, les choses deviennent très sérieuses avec la traversée d'une première arête rocheuse à l'aide d'un vieux câble, suivie d'une seconde permettant l'accès au glacier de Miage. Traversée délicate et attaque de l'arête finale jusqu'au refuge grâce aux points rouges marquant l'itinéraire : huit heures trente d'efforts, seuls les costauds passent par ici.
Courte nuit et départ à la frontale pour entamer la chevauchée rocheuse menant au premier dôme. L'itinéraire assez «roulant» au départ se corse avec l'arrivée du jour : les plaquettes attendues ne sont pas au rendez-vous, ce qui ne nous dérange guère.
C'est donc un itinéraire original que nous traçons en s'appuyant sur quelques griffures de crampons. Et voilà qu'à mi-parcours les éléments s'en mêlent : un violent orage s'abat sur nous : grêle, pluie, tonnerre, éclairs, il faut vite écarter tous éléments métalliques. L'orage passé, la progression reprend. Bientôt, il faut mettre les crampons pour progresser sur névés et atteindre le premier dôme dont le sommet est sec, tout comme le second.
Et là, sous nos yeux ébahis, un spectacle de désolation : pentes noircies et glacées, crevasses, col des Dômes fendu comme par un coup de hache, c'est le grand écart avec l'an passé. Inutile et dangereux de continuer dans ces conditions et c'est donc prudemment que nous redescendons à travers les crevasses pour atteindre le refuge des Conscrits.
Casse-croûte et retour interminable au parking de la Frasse où s'achève cette course, cette sacrée course !
Jean-Pierre P.
Grand Paradis
le 15 et 16 juillet 2017
D+ 916 m + 1308 m
Il est des lieux auxquels il faut absolument accéder, comme le Paradis. Et même surtout quand c'est le Grand. Après une nuit des plus confortables au superbe refuge Chabod, et après le show de notre hôtelier, c'est non sans ferveur que nous nous élançons vers lui alors que le jour ne pointe pas encore. Nous irons tous au Paradis !
Déjà, les frontales des cordées précédentes piquent la silhouette sombre des montagnes comme les étoiles d'une nuit sans lune. Au pied du glacier, chaussage des crampons. Commence alors la remontée du glacier, facilitée par le bon regel nocturne. Les nombreuses crevasses demandent une vigilance constante, leur passage se faisant parfois sur des ponts de neige bien minces mais pourtant solides à cette heure. Les séracs nous dominent de leur masse glacée, imposant crainte et respect mais aussi un cheminement évitant leur chute éventuelle.
Après cette belle montée, nous atteignons enfin la jonction, petit col où se rejoignent notre route et celle venant du refuge Victor Emmanuel II. Un vent froid nous y accueille, alors pas de temps mort, le Paradis attend ses enfants. Il faut alors entamer la langue terminale du glacier. Bien que largement ouverte, la rimaye se franchit aisément pour accéder aux rochers des derniers mètres. Il faut patienter pour atteindre enfin la Madone que chacun veut toucher afin d'attirer ses bonnes grâces, le Paradis se mérite !
C'est donc l'esprit libéré que nous redescendons car c'est bien vrai, nous avons atteint le Paradis.
Jean-Pierre P.
Dômes de la Vanoise (bis)
le 22 et 23 juillet, D+ : 854 + 1109m
Arrivés précocement au refuge de la Valette, nous profitons de la fin d'après-midi pour réviser les manœuvres de sécurité sur glacier. Chacun à son tour fait et refait les gestes qui pourraient s'avérer un jour nécessaires à sa sauvegarde ou à celle d'autrui.
Se lever à quatre heures du matin un dimanche nécessite une bonne raison. Alors , quand on a droit à trois sommets pour le prix d'un, nulle hésitation. C'est donc à la lueur des frontales que nous partons en direction du premier objectif, le dôme des Sonnailles. Les fortes chaleurs du printemps ont nettoyé les pentes et c'est donc essentiellement sur des débris rocheux que s'effectue la progression. Avec au sommet un vent violent pour nous accueillir : les nuages nous enveloppent et disparaissent aussi vite qu'ils arrivent, l'horizon s'ouvre et se ferme en un clin d’œil.
C'est dans cette atmosphère presque irréelle que nous repartons pour le dôme de Chasseforêt, point culminant de la journée à 3596m. Un coup de boussole pour vérifier le bon cap, le ciel qui s'éclaircit enfin, et malgré la neige molle, le but est atteint sous un blizzard d'ouest qui ne faiblit pas. Petite pause à l'abri d'un muret de pierres et nouveau départ pour le troisième dôme, le dôme des Nants, bien visible alors que le ciel se dégage. Quasi ligne droite pour l'atteindre dans le temps prévu, comme pour chacun d'entre eux d'ailleurs.
Commence alors la descente vers Montaimont dans une pente raide que nous mettons à profit pour pratiquer à nouveau exercices de progression et de sécurité. Puis, c'est le chemin du retour sur lequel nous trouvons un emplacement propice au casse-croûte alors que le soleil se montre généreux, faisant sortir les touristes que nous n'avons pas croisés là-haut !
Jean-Pierre P.
L'Albaron
le 22 et 23 juillet
Patrick nous a concocté un petit programme en Haute Maurienne, nous comptons sur ses choix pour nous divertir un peu.
À Bessans notre journée commence par la via ferrata d'Aubagne, niveau enfant sur la vire du Greffier pour la première longueur, échauffés nous poursuivons par un sentier vers le début de la via. Nous progressons avec peu de contact sur le rocher, un petit pont de singe agrémente ce joli parcours avec 500m de dénivelé au total qui nous conduit sur le plateau des ruines des chalets d'Aubagne, casse croûte aromatisé au serpolet, sous le soleil le site est reposant, une heure de descente sur un beau sentier nous ramène au parking.
Nous rejoignons en voiture le parking de l'Ecot. Changement de matos, le sac a pris du volume et du poids. Montée au refuge des Evettes.
Le gardien nous déconseille la course prévue à la Petite Ciamarella, les conditions de progression sur le glacier sont trop dangereuses, glace vive et crevasses en quantité. Plan B, L'Albaron, mais ne pas compter sur la main courante pour rejoindre le début du sentier, le début de celle-ci se situant bien trop haut par rapport au niveau du glacier actuel.
Quatre heure, descente à la frontale sur le plan des Evettes, mal réveillés nous rallongeons le trajet parmi le méandre des sentiers et ruisseaux. Le glacier au début en neige nous présente aussi de la glace vive et sale dont le peu de regel nocturne permet à nos crampons une accroche suffisante, nous contournons ou enjambons les crevasses pour parvenir au pied du rocher. Là un semblant de sentier, nous gravissons les éboulis avec quelques pas d'escalade pour rejoindre la crête, la progression se fait entre vire et arête, le brouillard nous recouvre parfois si ce n'est les bourrasques de vent qui nous font courber l'échine.
Au sommet le vent frais souffle et nous autorise quelques belles vues sur le large panorama, d'ici les pentes de la Petite Ciamarella ne sont guère accueillantes. Le repas est vite avalé clôturé par la ronde des sucreries.
Il nous sera plus facile dans la descente de trouver le bon sentier et ses cairns, cette fois nous équiperons d'une main courante la dernière longueur pour rejoindre rapidement en rappel le glacier.
Un peu de fatigue et d'inattention et quelques chutes feront apprécier la fraîcheur de la bouche des crevasses, sans gravité, juste un aperçu.
Au beau pont romain, qui n'en a certainement que la méthode de construction, une simple arche de pierre en plein cintre et son petit parapet, notre groupe se divise, les plus courageux descendront par la gorge de la Reculaz sur un sentier peu confortable ou par le sentier de montée plus roulant en y respirant le parfum des Orchis Négritelle.
Cette journée aura permis, entre autre, la découverte de moraine, parcours sur glacier et brins de Génépi dans leur milieu naturel et non en flacon, au cadet de la compagnie et cela avec beaucoup d'humour.
Fatigue certes, mais quelles belles longues journées tu nous as fait vivre Patrick dans la variété avec cette rando mixte, glace, rocher et ruisseaux, sans oublier via ferrata.
Bien sûr que nous sommes prêt à recommencer !
Yves
Pointes Lachenal + Mont Blanc du Tacul
D+ 890 m
29 et 30 juillet 2017
Après seulement trois heures d'attente pour l'aiguille du Midi de Chamonix, nous voilà dans le sas réservé aux alpinistes pour descendre la fine arête menant au col du Midi.
Direction les pointes Lachenal pour une séance de pointes avant sur glace qui oblige à brocher afin de sécuriser la montée. Traversée des deux premières pointes et rappel vers le petit col de neige précédant la cheminée et là, en plus d'une bonne giboulée, le rappel reste coincé, chose rarissime… Tentative de libération par le bas : sans résultat. Il faut donc refaire la montée et rejoindre l'amarrage pour dégager les cordes (c'est là que les trois heures perdues se paient). Car le ciel s'obscurcissant, inutile d'aller plus loin, il faut gagner le refuge.
Après une nuit de grand vent, départ à la frontale pour le col du Midi vite traversé. L'itinéraire change constamment d'une semaine à l'autre mais la trace est bonne malgré la neige déjà molle. Le mur de cinquante degrés proposé actuellement permet de mettre en pratique les exercices des week-end précédents. Quelques traversées de crevasses et quelques zigzags plus loin, arrivée sur la crête où un vent puissant nous accueille pour la dernière ligne droite dans les rochers. Après un rapide coup d’œil à l'itinéraire du prochain week-end, il faut redescendre. Zigzags, crevasses, mur, et nous voici de nouveau au col du Midi.
La météo s'annonce peu favorable pour les heures à venir, et c'est donc sagement que nous décidons de remonter directement à l'aiguille du Midi. Heureuse décision puisqu'à peine arrivés à Chamonix, le téléphérique est mis à l'arrêt ! Puisqu'il en est ainsi, nous reviendrons jeudi.
Jean-Pierre P.
Mont Blanc par les trois monts
Le 3 et 4 août
Il est amusant de penser que la formation du Mont Blanc a débuté au fond des océans. C'est à 2500 mètres de profondeur environ que les roches plutoniques, tant adulées des grimpeurs, qui constituent ce massif se sont formées. Mais ce n'est qu'au crétacé, il y a 80 millions d'années, que nos roches ont amorcé leur ascension. Lorsque la croûte océanique en subduquant sous l'Apulie a provoqué des mouvements géologiques.
Mais revenons à l'holocène, au 3 août, c'est ce jour que nous (Jean Pierre, Anthony, Olivier et moi) avions choisi ; pour réviser notre géologie ; pour vérifier si nous sommes des hommes de cœur, selon les dires de Confucius : « l'homme d'intelligence affectionne les cours d'eau, l'homme de cœur se plaît à la montagne. » ; parce que la météo semblait favorable ...
9h30, départ de Moûtiers pour Les Houches, et montée au refuge des Cosmiques. J'aime monter dormir en montagne, on a toujours l'impression que le temps dure plus longtemps. En prime dans le massif du Mont Blanc pour admirer l'élégance de la haute montagne. Il y a une grande beauté entre ciel et Terre mais c'est au dessus de 3000, où cet espace est réduit, qu'elle semble concentrée. Et cela me comble de bonheur. La beauté est cause de joie pour toujours.
1h37, c'est parti pour l'ascension, tout passe formidablement bien, rimayes, pente de glace, dénivelé, altitude. L’entraînement auquel nous a confronté Jean-Pierre y est sans doute pour beaucoup. J'aurai même le loisir de pouvoir profiter de la brève fenêtre que nous a offerte la météo pour admirer le lever de soleil au col du Maudit. Heureusement pour moi, comme le dit François Cheng : chaque expérience de beauté, si brève dans le temps a le pouvoir de le transcender et elle nous restitue chaque fois la fraîcheur du matin du monde. J'aurai les 500 derniers mètres de dénivelé pour méditer là dessus et profiter de la fraîcheur que nous ont apporté les bourrasques de vent.
8h00, on arrive au sommet, à la frontière entre été et hiver, c'est dans la rigueur de celui-ci qu'on apprécie la vigueur des températures actuelles. À la frontière entre France et Italie. À la frontière entre glace, gneiss et granit. Ne pouvant profiter de la vue je m'interroge sur ce qu'il y a sous nos pieds. De la glace, sans aucun doute et sous celle-ci quel type de roche ?
Pour vérifier deux solutions : creuser la glace jusqu'à la roche, attendre patiemment jusqu'à ce qu'elle fonde. Ce qui risque d'arriver un jour, la fonte de la calotte glaciaire du Mont-Blanc marquera-t-elle la fin de l'holocène ? Heureusement pour nous alpinistes actuels il nous reste encore un peu de temps. On pourra y remonter pour s’imprégner du paysage.
Et pour les plus curieux il suffit de jeter un coup d’œil sur une carte géologique pour y découvrir que le sommet du Mont-Blanc est constitué de gneiss. Alors, à quoi bon parler du granit du Mont-Blanc ? Encore une question de marque ?
11h15, nous repartons du refuge du Goûter après une bonne pause. Pour descendre le fameux couloir qui nous rappelle que le destin de chaque pierre (ici pas de granit) est de rejoindre l'océan. Pour certaines plus rapidement que d'autres …
La chance étant de notre côté nous faisons attention où nous mettons nos pieds et passerons sans encombre.
15h25, nous amorçons notre descente en train et téléphérique jusqu'au bar situé juste à côté de la voiture. Et clôturer cette superbe course autour d'une boisson.
Pour ces histoires d'homme de cœur, une chose est sûre, c'est que toutes les personnes qui ont participé à une des courses du CAF le sont.
Enfin, pour Jean-Pierre c'est indéniablement un homme de cœur, merci à lui pour ce superbe programme, qu'il nous a proposé, pour le temps et l'énergie qu'il y a consacré.
Il ne nous reste plus maintenant qu'à aller voir Horace de Bénédict de Saussure afin de réclamer nos 10 Louis d'or pour avoir conquis le sommet du Mont-Blanc.
Théophile
Rocher de Plassa
le 5 août
Je cherche une entrée en matière…
S’il en fallait une, ce pourrait être l’Etre. Dans son individualité, mais aussi, et comme ce le sera aujourd’hui, dans la relation avec ses pairs.
Ce dimanche matin, en ouvrant les volets, déjà la Nature nous offre sa beauté, mon regard porté au-dessus de la mer de nuages qui se dissipe, et au loin, rivages enneigés où mon âme aime à se perdre, retrouvant les êtres chers qui nous précèdent, et amarrée à ceux, biens réels, qui tissent mon présent.
Départ de Feissons, où le thermomètre affiche 3°. Nul n’était besoin de partir trop tôt, la neige tombée la veille a du mal à fondre. La montée dans la forêt puis dans les alpages nous offre des passages furtifs de marmottes surprises par cet avant-gout de l’hiver, et de chamois.
Ca y est, le Rocher de Plassa se découvre, nous choisissons l’approche par l’arête, je me dis que c’est plus joli. J’aime le bruit de mes semelles qui sonne contre les dalles des rochers. Un pas dans la neige automnale qui se veut annonciatrice de l’hiver, et portant la vue sur l’horizon qui nous montre que l’été est toujours là alentour.
Cette course d’arête est magnifique, la mise de points de sécurité nous rappelant que nous pratiquons l’alpinisme. Sentiment de solitude face à "la fraicheur du matin du monde" ?, mais également d’union puisque notre cordée ne fait plus qu’un, ou est-ce la sensation "qu’en altitude le temps dure plus longtemps" ?, tel la résonnance de la cloche qui prolonge l’instant présent.
Cime des Planettes 2976 - course d'arête
16 septembre 2017
Dernière sortie alpi/escalade de cet été. Direction l'arête sud - nord de la Cime des Planettes. Il a neigé ces derniers jours et on se demande bien comment va se présenter notre arête à 2900m d'altitude.
3 heures et demi d'approche par la belle brèche de la croix de la rue. Et un bon rayon de soleil pour nous laisser le temps de prendre des forces pour la suite.
Deux vaillantes cordées s'élancent malgré les doigts engourdis par le froid.
Belle arête qui tombe en dalles très raides côté tarentaise. Quelques passages aériens sur le fil du rasoir comme on dit pour finir sur le fameux parallélépipède de la Cime des planettes.
Passage obligé à la Pointe de l'Observatoire quelques « mètres » plus loin avant la longue, très longue redescente sur les fermes du Ritord.
La boucle est bouclée. La température ne s'est pas améliorée. Quelques flocons nous tombent sur le nez. Depuis le départ, près de 10h00 sont passées et 1450 mètres ont été montés. Il est temps de rentrer.
Emilie